Allaitement et hospitalisation

Pour ne plus vous laisser dire n’importe quoi, je vous transmets le témoignage de Karine, qui a subi une hospitalisation en urgence, et a pu continuer à allaiter Corentin, 6 mois. Eh oui, c’est possible !!!
La semaine dernière, j’ai eu mal au ventre et on m’a diagnostiqué une crise d’appendicite. Impossible d’éviter l’intervention chirurgicale !
J’ai d’emblée fait part au chirurgien du fait que j’allaitais encore exclusivement Corentin et que je n’envisageais pas de le sevrer brutalement à 6 mois alors que visiblement, il n’était pas prêt pour cela.
Le chirurgien a tenté de me dire que je pouvais le sevrer, mais devant ma détermination, il a appelé l’anesthésiste et ils ont discuté ensemble et devant moi de la possibilité de m’opérer tout en préservant mon allaitement.
Ils m’ont laissée rentrer chez moi le soir avec un traitement antibiotique compatible avec l’allaitement (Augmentin pour ne pas le citer) pour stopper l’infection et avec la promesse que je reviendrais le lendemain. J’ai contacté la LLL et la monitrice m’a appris que je pouvais tout à fait être opérée et continuer à allaiter car la morphine ne passe pas dans le lait. Les anesthésiques en revanche oui, mais ils ne sont pas dangereux pour le bébé. Tout au plus risquaient-ils de l’endormir un peu et qu’il soit moins tonique que d’habitude.
Donc le soir, j’ai tiré mon lait au maximum (je n’avais pas de réserves) et je l’ai congelé pour le cas où je ne serais pas en état d’allaiter ou bien je n’en aurais pas la possibilité. Je m’étais presque résignée à ce que Kaou ait un ou deux biberons de lait artificiel pendant les premières 24 h après l’intervention au cas où je n’aurais pas pu tirer assez. Et j’étais décidée à recommencer l’allaitement dès que possible, même s’il n’avait plus voulu du sein. D’un autre coté, je ne craignais pas trop qu’un ou deux biberons le détournent du sein car il a déjà six mois et il a compris que le sein, ce n’était pas seulement du lait mais aussi un câlin, l’odeur, les regards, etc. Donc je ne me faisais pas trop de soucis pour la reprise du sein après l’intervention.
Quand je suis retournée à la clinique le lendemain matin, ils ont décidé de me garder et de m’opérer d’urgence.
Quand j’ai fait les formalités d’admission, j’ai d’emblée demandé à avoir un lit de bébé dans ma chambre en disant que je ne pouvais pas me séparer de mon bébé puisque qu’il était allaité. J’ai demandé poliment, mais comme si je n’envisageais pas d’autre solution et qu’il était évident pour moi que j’obtiendrais une chambre mère-enfant. En vérité, j’avais une grosse appréhension qu’on me dise qu’une clinique n’était pas un endroit pour un bébé en bonne santé et qu’il n’était pas question que j’ai mon enfant près de moi. Bien que la demande les surprenne un peu, les infirmières du service m’ont tout de suite amené un lit-cage. Certaines ont émis des doutes sur la compatibilité des traitements avec l’allaitement, mais quand je leur ai dit que je m’étais déjà renseignée auprès de professionnels de santé elles ont tout de suite admis cette possibilité et se sont rangées à mes arguments.
J’ai allaité Kaou jusqu’au moment de descendre au bloc opératoire (ils ont même attendu que la tétée soit finie). L’anesthésiste avait donné des instructions liées au maintien de mon allaitement. Sur son ordre, je n’ai pas eu de pré-médication et on m’a administré très peu de morphine et en sous-cutané et non pas par voie intra-veineuse.
J’ai ensuite allaité environ 3 heures après mon réveil. C’était douloureux car je n’arrivais pas à trouver une position confortable malgré le fait que j’avais amené mon coussin d’allaitement à la clinique : pas sur le côté car mal au ventre, ni en travers de ma poitrine car Kaou a déjà 6 mois et il donnait des coups de pieds dans mon ventre endolori. La meilleure position était en ballon de rugby, mais avec précautions quand même car il me donnait des coups de tête dans le ventre. Mais bon, on y est quand même arrivés.
En revanche, la première nuit, je ne l’ai pas gardé avec moi car je n’étais vraiment pas en état de m’en occuper. Kaou est donc resté avec son papa qui lui a donné son premier petit-suisse, ainsi qu’un biberon de mon lait. La nuit a été très difficile pour les deux car comme nous pratiquons le co-dodo, Kaou n’arrivait pas à dormir sans moi.
Dès le lendemain, mon mari me l’a ramené et je l’ai mis au sein immédiatement et il était super content de recommencer à téter. Ensuite, je m’en suis occupée et la nuit suivante, il est resté avec moi.
Je suis sortie de la clinique 48 h après l’intervention, c’est à dire hier. Je suis fatiguée et je marche un peu pliée en deux, mais ça va quand même. Je suis toujours sous antibiotiques car l’appendicite était compliquée par une infection (diverticulite), mais ce sont des antibiotiques compatibles avec l’allaitement.
Je suis très contente d’avoir pu être hospitalisée avec Kaou et d’avoir pu continuer à l’allaiter malgré tout.
Je reconnais que l’équipe médicale a été très compréhensive et ouverte, j’ai été étonnée par leur capacité d’écoute et d’adaptation. Ils m’ont dit quand je suis sortie que c’était la première fois qu’ils étaient confrontés à une maman allaitante devant être opérée et souhaitant rester avec son bébé. Avec les infirmières du service, ça s’est très bien passé, elles ont défilé pour faire des papouilles à Kaou et en contrepartie, il n’a pas été avare en sourires. Comme il a été super-sage, elles ne l’ont pas entendu, je suis sûre qu’elles seraient prêtes à renouveler l’expérience pour un futur cas similaire.
Voilà, je voulais vous le raconter pour le cas où ça vous arriverait un jour et que mon histoire puisse vous être utile.

Ce témoignage est effectivement très précieux et montre d’une part qu’on peut continuer d’allaiter en étant hospitalisée, et d’autre part qu’on peut discuter en bonne intelligence avec le corps médical, sans avoir besoin d’aller forcément à la confrontation. C’est très bon signe !